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ERIC CABOT CHRONIQUES
23 juin 2007

UN PERE PASSE

A défaut de paternité génétiquement prouvée ou socialement acceptée, on a le droit de se trouver un père idéal, surgi d’une longue amitié et aux bras chargés de mots.

Karl Berline, vieil écrivain reconnu, sort d’une retraite lointaine pour retrouver à Paris son fils spirituel, le narrateur du roman. Ce dernier n’écrit pas de roman, il fabrique des biographies, métier à la mode, et lucratif par ces temps d’inculture générale. Aura-t-il l’occasion un jour d’écrire réellement, c’est-à-dire sans autre intérêt que l’aveu intime de lui-même ? Réponse dans les valises du vieil écrivain. C’est avec un très beau texte aux courts chapitres qu’Yves Simon nous dévoile le jeu de ces deux hommes parvenus chacun au terme d’un morceau de vie. Passé, souvenirs, secrets, misérables secrets, le fil des existences se déroule en grandes et belles phrases tout au long de ce livre doux-amer. Paris sous la neige devient la ville des confessions, concentre en quelques jours l’histoire des hommes, de l’Europe, des femmes aussi. Yves Simon n’écrit pas, il suggère le temps qui fuit, celui qui nous emprisonne, la vie qui passe, celle qui n’offre plus rien. D’instants fragiles en moments frileux on suit l’auteur jusqu’au dénouement presque heureux, sûrement pathétique. Prendre la décision enfin d’être un auteur, un vrai, d’écrire l’autre et non le livre d’un autre. Fallait-il un père supplétif pour cela ? Un père privé d’un vrai fils et se déchargeant de son héritage sur les épaules d’un garçon qui n’avait rien demandé ? Questions inscrites en filigrane au milieu de ce roman qui n’appellent pour seules réponses que l’incertitude de l’écriture. Eric Cabot

Je voudrais tant revenir, Yves Simon. Seuil.

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