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ERIC CABOT CHRONIQUES
23 juin 2007

LA FOIRE DE MON PERE

Un père peut-il être encombrant au point de faire naître une vocation ?

Depuis longtemps, on se disait que Didier Van Cauwelaert nous étonnerait avec un roman longtemps mûri et dont l’histoire originale et saisissante nous laisserait sans voix. Le livre est bien là mais la fiction a laissé la place au réel, à l’histoire familiale. Didier Van Cauwelaert raconte son père, mort plusieurs fois, renié, adopté, retrouvé, l’homme avec qui un enfant grandit, coûte que coûte. Et on lit ces confessions sans rechigner. Certes, la confidence est un exercice où l’anecdote est omniprésente, le passé et ses petits évènements viennent encombrer la tapisserie d’arabesques baroques; peu importe, car au delà du dessin qui s’impose à l’œuvre, c’est la trame, solide et invisible, qui passionne le lecteur averti : comment devient-on écrivain ? Au delà des chroniques d’un temps passé qui feront se pâmer les enfants de la télé et les nostalgiques du noir et blanc apparaissent les fractures, les cicatrices, les lambeaux de ce qui forme l’homme et nous aide à supporter la vie si on a le courage de résister au néant. Sincère, simple, Didier Van Cauwelaert nous livre ce qui fut sa coexistence d’auteur avec un père plus romanesque que n’importe quel héros de littérature. Mentir, inventer, rêver, puis finalement écrire, c’est-à-dire rêver, inventer, mentir. Pas facile de grandir dans la famille des Van Cauwelaert. On découvre avec un bonheur non dissimulé les coulisses d’une vie d’écrivain, on reprend goût au décor en découvrant les cintres et les loges. C’est cette vie là, non dissimulée, restituée, qui prolonge la relation avec le lecteur. A lui, anonyme, si loin si proche, d’adopter et l’auteur et sa vie intime. Eric Cabot

Le père adopté, Didier Van Cauwelaert. Albin Michel.

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